La «loi civile», au centre du conflit israélo-palestinien, fait chuter le gouvernement Bennett

Un an à peine après son arrivée au pouvoir, le gouvernement israélien est victime de ses dissensions. Le Premier ministre, Naftali Bennett, et le chef de la diplomatie, Yaïr Lapid, ont fait part, lundi 20 juin, de leur intention de dissoudre la Knesset, le Parlement israélien. L'État hébreu se dirige donc vraisemblablement vers un cinquième scrutin législatif à l’automne prochain. Le cinquième en moins de quatre ans. C’est notamment l'échec du vote de la « loi civile » qui fait chuter le gouvernement. Cette loi est au centre du conflit israélo-palestinien.

 

Ce texte est reconduit de manière presque automatique depuis 1967. À partir de cette année-là, Israël occupe les Territoires palestiniens et se lance illégalement dans une politique de colonisation. Aujourd’hui, près d’un demi-million de colons juifs vivent en Cisjordanie occupée. Ces colons bénéficient d’un régime d'exception : le droit civil israélien. Alors que les Palestiniens, eux, vivent sous occupation et donc sous juridiction militaire israélienne.

Sans cette loi, explique le Premier ministre Naftali Bennett, « le pays s’effondre et sombre dans un chaos constitutionnel ». Car les colons habitent techniquement en dehors des frontières de l’État hébreu. En l’absence d’un texte législatif qui les rattache à leur pays, ils perdent leur droit de vote, leur assurance maladie et leur droit à la retraite, par exemple.

Cette fois-ci, « la loi civile » a buté sur l'opposition de deux députés. Un élu de gauche et un élu arabe, membres de la coalition gouvernementale, ont en effet refusé de voter ce texte. Face à ce blocage, une solution s’est imposée : la dissolution de la Knesset. Désormais, toutes les lois sont prorogées de facto, jusqu'à l'élection d’un nouveau Parlement.

Avec le départ de deux députés et puis deux autres plutôt chancelants, on n’arrive qu’à 59 mandats sur 120, donc une minorité, donc ça voulait dire que ce gouvernement ne pouvait pas faire passer de lois facilement, ou en tout cas sans compromis, ou sans l’aide de la droite, ce qui était quand même compliqué...

La Knesset israélienne compte 120 députés. Il en faut 61 pour gouverner. C’est la perte de cette majorité qui a entraîné notamment la chute du gouvernement, comme l'a expliqué à RFI le politologue israélien Stéphane Wahnich, chercheur à l’université de Tel-Aviv : « Ce blocage sur une loi pour dire que les Israéliens habitant en Cisjordanie soient gérés par les lois israéliennes et non les lois de l’armée, et le fait que deux députés de la majorité, un d’extrême gauche, un du parti islamique, n’ont pas voulu la voter cette loi, c'est un blocage énorme pour la société israélienne. Naftali Bennett, qui provient électoralement de ces populations, a préféré dissoudre. » 


Vous avez aimé cet article ? Partagez-le ...

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera publié après validation.