Crise des migrants: les Occidentaux dénoncent à l’ONU la «tactique» de la Biélorussie

Les membres européens et américain du Conseil de sécurité de l'ONU ont condamné ce jeudi dans une déclaration conjointe une « instrumentalisation orchestrée d'être humains » par la Biélorussie à la frontière avec la Pologne.

 

Le texte a été lu à l'issue d'une réunion d'urgence à huis clos convoquée par l'Estonie, la France et l'Irlande. Il est signé par ces trois pays, ainsi que par les États-Unis, la Norvège et le Royaume-Uni. Ils accusent la Biélorussie d'envoyer des migrants à la frontière avec la Pologne pour « déstabiliser la frontière extérieure » de l'Union européenne, les pays voisins et « détourner l'attention de ses propres violations croissantes des droits humains ».

Les six pays dénoncent une « tactique inacceptable » et qualifient le régime du président Alexandre Loukachenko de « menace pour la stabilité régionale »« Nous appelons les autorités biélorusses à mettre un terme à ces actions inhumaines et à ne pas mettre la vie des personnes en danger », ajoutent-ils. Exprimant leur soutien avec la Pologne et la Lituanie, ils se disent prêts à discuter de nouvelles sanctions contre les personnes contribuant « aux activités du régime de Loukachenko qui facilitent le franchissement illégal des frontières extérieures de l'Union européenne ».

Moscou en médiateur

Mais leur déclaration ne mentionne aucune mesure concrète. Il ne fait pas non plus référence à la Russie, principal soutien du régime biélorusse. Pour la deuxième fois en deux jours, Vladimir Poutine s'est entretenu par téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel afin, selon lui, que l'Union européenne renoue le dialogue avec la Biélorussie Mais, à bout de patience, Berlin a jugé au contraire qu'il était « grand temps de tirer les conséquences » de cette crise en renforçant les sanctions contre le régime biélorusse. Des mesures sont attendues en début de semaine prochaine, selon Bruxelles.

Fort de l'appui russe, Alexandre Loukachenko a menacé jeudi de riposter à d'éventuelles sanctions en fermant les vannes d'un important gazoduc alimentant l'Europe, au moment où le continent fait déjà face à des pénuries. Mais le gaz en question, produit en Russie, ne fait que transiter par son territoire. Il s'agit d’ailleurs d'une source de revenu absolument cruciale pour l’économie biélorusse, qui est déjà en grande difficulté. Dans un entretien exclusif accordé à l'Agence France-Presse, sa principale opposante, Svetlana Tikhanovskaïa, qui vit en exil, a estimé que le président « bluffait » et a appelé l'UE à ne pas dialoguer avec ce dirigeant « illégitime ».

Des milliers de migrants pris en étau

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, qui a accusé le régime biélorusse de « terrorisme d'État », a estimé jeudi que son pays était la cible d'une « guerre d'un genre nouveau » avec des civils utilisés comme « munitions ». Varsovie affirme en outre que les forces de sécurité biélorusses tirent des coups de feu en l'air pour forcer les migrants à avancer. Minsk soutient en retour que les gardes-frontières polonais violent les normes internationales en les refoulant avec violence.

Pris en étau, de nombreux migrants, dont des enfants et des femmes, sont coincés dans la zone frontalière boisée. C'est le cas notamment de plus de 2 000 personnes, notamment des Kurdes, qui sont bloquées depuis plusieurs jours dans un camp de fortune, où ils se réchauffent en brûlant du bois pour supporter des températures proches de 0 °C. Une « aide humanitaire d'urgence », particulièrement des couvertures, des vêtements chauds et des couches, a pu leur être acheminée jeudi, a indiqué un porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Selon le quotidien polonais Gazeta Wyborcza, dix migrants sont morts dans la zone frontalière depuis le début de cette crise.


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