Corée du Sud: lancement de la première fusée 100% nationale, mais échec de la mission

La Corée du Sud a lancé jeudi 21 octobre sa première fusée spatiale de conception nationale, mais a échoué à envoyer en orbite sa charge utile factice, un revers dans ses tentatives pour rejoindre le club des nations spatiales avancées.

 

Le lancement et le déploiement des trois phases de la fusée « Korean Satellite Launch Vehicle II » ont fonctionné, tout comme la séparation de la charge utile, a déclaré le président sud-coréen Moon Jae-in, après avoir assisté au lancement au centre de contrôle. Mais « la mise en orbite d'un satellite factice reste une mission inachevée », a-t-il annoncé.

« Bien qu'il n'ait pas atteint parfaitement ses objectifs, nous avons réalisé de très belles prouesses avec notre premier lancement », a commenté le président Moon, ajoutant qu'une nouvelle tentative aura lieu en mai. « Les pays qui sont à la pointe de la technologie spatiale seront à la pointe de l'avenir, a-t-il encore dit. Et nous n'arrivons pas trop tard pour le faire. »

Cela reste malgré tout une journée historique pour la Corée du Sud qui avait évalué ses chances de succès à seulement 30%, précise notre correspondant à Séoul, Nicolas Rocca. Cette fusée de 200 tonnes, trois étages et 47.2 m de long a décollé en fin d’après-midi depuis le pas de tir de Goheung dans le sud du pays. En quelques minutes, grâce à ses six moteurs à carburant liquide Nuri a atteint 700 km d’altitude.

Des acclamations et des applaudissements ont retenti dans le centre de contrôle alors que le vol se déroulait selon le plan et semblait être un succès. À l'Assemblée nationale, les législateurs avaient interrompu leurs travaux pour assister au lancement.

Entrer dans la course à l'espace 

Il a fallu une dizaine d'années pour développer la fusée à trois étages, pour un coût de 2 000 milliards de wons (1,46 milliard d'euros). L’objectif final du programme est de poser un satellite 100% local en orbite bas ce qui ferait rentrer la Corée du Sud dans un club privé des 6 pays à maîtriser cette technologie. 

Jusqu’ici les précédents lancements de fusée sud-coréens étaient réalisés en partenariat avec la Russie. Ses deux premiers lancements, en 2009 et 2010, qui utilisaient la technologie russe, se sont soldés par des échecs. La deuxième fusée avait explosé après deux minutes de vol, Séoul et Moscou se rejetant mutuellement la faute. Finalement, le pays a réussi un lancement en 2013, se reposant toujours sur des moteurs développés en Russie.

Regarder vers la Lune

La Corée du Sud est la 12e économie du monde et l’un des pays les plus technologiquement avancés avec notamment son fleuron Samsung Electronics, le plus grand fabricant de smartphones et de puces au monde. Dans la lignée de Space X d'Elon Musk qui compte l'armée sud-coréenne parmi ses clients, le secteur privé a joué un rôle important dans le programme spatial sud-coréen, car 300 entreprises locales ont participé au projet.

Malgré cet échec relatif les ambitions du pays restent élevées, l’objectif étant de produire une fusée compétitive économiquement et de maîtriser le placement d’un satellite en orbite basse qui participera au développement de la 6G. Le prochain lancement est prévu en mars prochain, et les autorités sud-coréennes ont affiché leur volonté de placer leur propre sonde sur la lune d’ici 2030.

En Asie, la Chine, le Japon et l'Inde ont développé des programmes spatiaux avancés, et la Corée du Nord est le dernier entrant dans le club des pays capables de lancer un satellite. Une même technologie est utilisée pour les missiles balistiques et les fusées spatiales. Pyongyang a mis en orbite en 2012 un satellite de 300 kg, ce que les pays occidentaux ont condamné comme étant un test de missile déguisé.


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