Nord Stream 2: Angela Merkel défend l'accord avec Washington

Lors de sa conférence d'été, jeudi 22 juillet, la chancelière allemande Angela Merkel est revenue sur l'accord entre les États-Unis et l'Allemagne pour le gazoduc Nord Stream 2. Un projet important pour l'approvisionnement en gaz de l'Allemagne, mais qui provoque des tensions diplomatiques en Europe et outre-Atlantique.

 

Au lendemain de l'officialisation d'un compromis avec les États-Unis sur le gazoduc Nord Stream 2, la chancelière Angela Merkel a salué une « bonne avancée ». Tout en soulignant que des « différences » demeuraient entre les deux pays sur leur positionnement à l’égard du gazoduc Nord Stream 2.

« Cet accord entre le gouvernement américain et l'Allemagne a pour but de fixer des conditions préservant les intérêts ukrainiens, notamment pour le transit du gaz russe, a expliqué la dirigeante allemande. L'énergie ne doit pas être utilisée à des fins politiques pour mettre en difficulté l'Ukraine. L'accord a été conclu avec le gouvernement américain et le Congrès doit encore l'approuver. »

Un tube de 1 230 kilomètres sous la Baltique

Le chantier du gazoduc était, depuis plusieurs années, au cœur d'une bataille géopolitique et économique, opposant les États-Unis et l'Allemagne, principal promoteur du projet, mais aussi les Européens entre eux, ainsi que la Russie et l'Ukraine. Jusqu'à un surprenant revirement de Washington et ce compromis pour tenter de clore ce litige.

Exploité par le géant russe Gazprom, Nord Stream 2 va relier la Russie à l'Allemagne via un tube de 1 230 kilomètres sous la mer Baltique d'une capacité de 55 milliards de m3 de gaz par an, sur le même parcours que son jumeau Nord Stream 1, opérationnel depuis 2012. Contournant l'Ukraine, le tracé va augmenter les possibilités de livraison de gaz russe à l'Europe à un moment où la production au sein de l'UE diminue.

Kiev craint, à terme, de perdre les revenus qu'elle tire du transit du gaz russe et d'être plus vulnérable vis-à-vis de Moscou. Les États-Unis sont, depuis le début, vent debout contre un aménagement qui affaiblirait économiquement et stratégiquement l'Ukraine, augmenterait la dépendance de l'UE au gaz russe et dissuaderait les Européens d'acheter le gaz de schiste que les Américains espèrent leur vendre.

Mais Joe Biden a renoncé à bloquer le projet, estimant qu'il était trop tard et qu'il valait mieux miser sur l'alliance avec l'Allemagne dont Washington souhaite s'assurer la coopération dans d'autres dossiers, notamment face à la Chine.

L'accord trouvé entre l'Allemagne et les États-Unis prévoit notamment de possibles sanctions contre Moscou en cas de dérapage, et un engagement de Washington et Berlin à plaider ensemble pour le prolongement de dix ans des mesures garantissant le transit par l'Ukraine du gaz russe.

Un « cadeau de Merkel à Poutine » pour Die Welt

Les réactions dans la classe politique allemande sont globalement positives, rapporte notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut. Les chrétiens-démocrates, traditionnellement atlantistes, se félicitent que les relations germano-américaines ne se détériorent pas. Les Verts, eux, résolument opposés au projet pour des raisons politiques et environnementales, ont réitéré leur opposition. Les milieux économiques saluent un accord qui fait disparaître la menace de sanctions américaines.

La presse est aussi partagée. Le magazine Der Spiegel parle d’un « triomphe diplomatique » pour Merkel qui a su tirer parti du besoin de Washington d’avoir Berlin à ses côtés pour d’autres dossiers. Le quotidien de gauche « Tageszeitung » ironise en une sur « le grand œuvre de Gerhard Schröder achevé », une référence à l’ancien chancelier, partisan de toujours du projet. Le journal conservateur Die Welt parle, lui, d’un « cadeau de Merkel à Poutine ».


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