Cinq ans après, Nice commémore l'attentat sur la Promenade des Anglais

En présence du Premier ministre Jean Castex, Nice a commémoré ce mercredi 14 juillet les cinq ans de l'attentat qui avait fait 86 morts sur la Promenade des Anglais.

 

Des roses blanches et 86 colombes s'élançant dans le ciel en mémoire des vies fauchées. Quelque 400 personnes, en majorité des victimes et familles de victimes, se sont rassemblées mercredi dans les jardins de la villa Massena, à quelques pas de la Promenade des Anglais.

C'est sur ce célèbre front de mer que, le 14 juillet 2016, une attaque jihadiste avait transformé « une chaude soirée, heureuse et festive » en « chaos », en « enfer », a rappelé Stéphane Erbs, coprésident de l'association Promenade des Anges. Ce soir-là, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, Tunisien d'une trentaine d'années demeurant à Nice, avait foncé au volant d'un camion de 19 tonnes au milieu des 30 000 personnes réunies pour le feu d'artifice, fauchant des dizaines de personnes en l'espace de deux minutes, avant que la police ne l'abatte. L'attaque avait été revendiquée par le groupe jihadiste État islamique, même si l'enquête n'a confirmé aucune connexion entre l'organisation jihadiste et son auteur.

« Le terroriste a voulu souiller l'une des dates symboliques de l'histoire de notre nation (...), notre fête nationale, ce 14 juillet que résume la devise de notre République, liberté, égalité, fraternité. Trois mots qui forment comme un rempart contre le fanatisme », a déclaré le Premier ministre Jean Castex, présent à cet hommage avec plusieurs ministres. À travers l'attentat de Nice, c'est « la liberté d'aller et venir (...), une certaine forme de civilisation qui ont été visées », a-t-il ajouté en réaffirmant la volonté de la République de ne jamais rien « céder à la barbarie (...) sur tous les terrains ».

Un deuil impossible

Les photos des 86 personnes tuées, de tous âges et de toutes nationalités, étaient déposées devant le cœur en plexiglas qui sert de mémorial dans les jardins de la villa Massena. Leurs noms ont été lus durant la cérémonie, accompagnés d'un morceau de musique jouée à la harpe.

Pour beaucoup de proches de victimes, il est toujours impossible de faire son deuil. Plusieurs parents n'ont pu récupérer que l'an dernier les organes prélevés sur leurs enfants à des fins d'autopsie et mis sous scellés par la justice. Certains en contestent l'authenticité et ont saisi le Défenseur des droits après le refus d'une analyse ADN.

Outre les 86 victimes tuées et les 206 victimes blessées physiques, un total de 1 683 personnes sont considérées comme des blessés psychiques de l'attentat. Les enfants « ont vécu ce que personne n'est préparé à vivre », a rappelé Hager ben Aouissi, coprésidente de l'association Life for Nice, alors que 300 enfants sont toujours suivis à l'hôpital Lenval de Nice pour le psychotraumatisme subi. « Cinq ans après, c’est toujours là, dans la mémoire, dans les cauchemars, dans une sirène de police. »

Beaucoup de victimes attendent le procès,« difficile, mais nécessaire étape », a rappelé Stéphane Erbs en espérant que la justice « punisse avec fermeté ». Le procès des huit personnes suspectées d'avoir aidé Mohamed Lahouaiej-Bouhlel se tiendra à Paris du 5 septembre au 15 novembre 2022.

Si les parties civiles (plus de 850) et leurs avocats se sont félicités de ce renvoi aux assises, elles déplorent cependant que deux des accusés, poursuivis pour des faits de droit commun, aient été remis en liberté en novembre suite à un vice de procédure. Plusieurs victimes ont aussi regretté la lenteur de l'instruction conduite à Nice pour « homicides et blessures involontaires » sur le dispositif de sécurité déployé ce soir-là, copiloté par la préfecture et la mairie.


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