Biélorussie: les parents du journaliste arrêté appellent la communauté internationale à l'aide

Les parents de Roman Protassevitch, le journaliste dissident arrêté après l'atterrissage forcé de son vol Athènes-Vilnius à Minsk, sont inquiets concernant sa situation. Ils appellent la communauté internationale à l'aide.

 

Natalia Protassevitch veut faire entendre « le cri de (son) âme ». Lors d'une conférence de presse ce jeudi à Varsovie, la mère de Roman Protassevitch a appelé les journalistes présents à transmettre aux dirigeants européens et américains sont appel à l'aide. « Je crie, je vous en supplie, aidez-moi à libérer mon fils », a-t-elle lancé.

« Peut-être qu’on peut trouver un moyen de persuader ou d’influencer le citoyen Loukachenko de sorte qu’il revienne à la raison et prenne la mesure des atrocités qu’il commet envers notre belle jeunesse, intelligente, honnête et éprise de liberté. Toute heure, toute minute perdue peut coûter la vie à mon fils et à tous ces jeunes gens qui se trouvent derrière les barreaux. Sauvez-les, s’il vous plaît. »

« On voit qu’il a le nez cassé »

Le dissident biélorusse et sa compagne sont apparus dans deux vidéos distinctes tournées en prison, respectivement le lundi 24 mai et le mercredi 26 mai. Celle de Roman Protassevitch ne dure que 27 secondes. Il y annonce être passé aux aveux. Mais ses parents sont persuadés qu’il a fait des aveux sous contrainte.

Natalia Protassevitch raconte son inquiétude suite au visionnage de cette vidéo. Pour elle, les signes de violences sont évidents. « Nous ne savons toujours pas où il se trouve. Son avocat n’a pas accès à lui. Sur la vidéo diffusée par le ministère biélorusse de l’Intérieur, nous voyons des traces de violences, il a été battu. En tant que maman, je connais les traits du visage de mon fils. Et je vois très bien que sur son visage qu'il y a des traces de violence. On voit les ecchymoses qui ont été maquillées, décrit la mère du journaliste de 26 ans. On voit qu’il a le nez cassé. Sur son cou, on voit des traces de strangulation. »

 

Dmitri Protassevitch, le père de Roman, a estimé que son fils était « un héros ». Les parents du journaliste, eux-mêmes exilés à Varsovie depuis la répression lancée en Biélorussie en 2020, restent sans aucun contact avec leur fils depuis son arrestation dimanche à l'aéroport de Minsk.

Stepan Poutilo, fondateur du média Nexta, dont Roman Protassevitch était rédacteur en chef, se trouvait aux côtés de ses parents dans la capitale polonaise lors de la conférence de presse.

Pour lui, cette arrestation est une vengeance qui montre l'incapacité du pouvoir biélorusse à bloquer ces médias d'opposition qui ont joué un rôle clé dans la contestation : « Le dictateur n’a pas pu bloquer ou interdire ces chaînes, et c’est pourquoi nous avons été placés, en premier, sur la liste internationale de personnes recherchées, même avant Svetlana Tikhanovskaya. On nous accuse de terrorisme et d’extrémisme. En Biélorussie, les sources qui nous ont envoyé des informations ou des documents, se voient condamnés à 18 ans de prison. »

Bien qu'il soit à l'étranger, Stepan Poutilo craint les représailles du gouvernement encore plus depuis l'arrestation de son ancien rédacteur en chef : « Nous avons reçu encore plus de menaces et nous avons été contraints de demander à la Pologne des moyens supplémentaires pour assurer notre sécurité, parce que nos activités sont très dangereuses et que le régime est prêt à tout pour nous faire taire ». Il demande comme les parents du journaliste arrêté à la communauté internationale d'accentuer la pression : « En huit mois, ces sanctions n’ont pas fait peur au régime et c’est pourquoi il ose de tels actes ».

Condamnation du G7

À Londres, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont condamné « avec la plus grande fermeté » l'arrestation de Roman Protassevitch et de sa compagne et ont exigé leur « libération immédiate et inconditionnelle », ainsi que celle des autres journalistes et prisonniers politiques dans le pays.

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a suscité l'indignation des Occidentaux en envoyant dimanche un avion de chasse pour intercepter un vol Ryanair reliant Athènes à Vilnius, à bord duquel voyageaient le journaliste dissident et son amie russe Sofia Sapega, qui ont été arrêtés.

Les Vingt-Sept ont riposté en interdisant aux compagnies aériennes biélorusses l'accès à l'Union européenne et en demandant aux transporteurs européens de ne pas survoler son espace aérien. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a indiqué mercredi que l'UE avait l'intention de faire payer le prix fort au président biélorusse et envisageait encore « de proposer des sanctions économiques sectorielles ».

Face à l'avalanche de condamnations occidentales et de nouvelles sanctions de l'UE à l'encontre du régime qu'il dirige depuis 1994, Alexandre Loukachenko a assuré mercredi avoir « agi légalement ».


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