Entre Kirghizistan et Tadjikistan, la question des frontières communes peut dégénérer

La situation s’est envenimée ces derniers jours à la frontière entre les ex-républiques soviétiques du Kirghizistan et du Tadjikistan. Il y aurait au moins une quarantaine de tués. Il semble que la partie tadjike ait voulu prendre le contrôle d’un point de distribution d’eau dans un village frontalier, qu’elle revendique.

 

Ce n’est pas une bataille pour l’eau à laquelle nous assistons. Il semble que ce n’est qu’un prétexte cette fois-ci. Même si effectivement, les forces tadjikes ont voulu s’emparer du point de distribution d’eau de Golovnoï, dans le village de Kok-Tach, côté kirghize.

C’était il y a une dizaine de jours. Très vite, les populations des deux côtés de la frontière en sont venues à se jeter des pierres avant que les Tadjiks ne déploient jeudi des armes lourdes. Se sont ensuivi des tirs nourris entre les armées et gardes-frontières des deux côtés.

 

Les raisons de ces incidents graves semblent politiques, après des déclarations plutôt provocantes de Kamchibek Tachiev, le chef des services de sécurité kirghizes. Ce proche du nouveau président Sadyr Japarov l'a récemment critiqué pour avoir offert de chercher des compromis au sujet des très problématiques frontières de la région, en l’occurrence avec l’Ouzbékistan. Finalement, ce samedi, un protocole de cessez-le-feu a été signé. Mais cela reste un calme précaire.

1 000 km de frontière commune

Les racines de ces tensions sont anciennes. Les frontières de la très peuplée vallée du Ferghana sont de la véritable dentelle. Il y a par exemple huit enclaves, où un pays de la région voit l'un de ses villages ou districts complètement enchâssé dans le territoire du pays voisin. Cela crée des problèmes d’accès à l’eau, de pâturage des animaux, de droits de douane… Le tout sur fond d’une mosaïque ethnique complexe, où la violence a souvent explosé dans le passé récent.

Les incidents frontaliers sont légion depuis la chute de l’URSS, en 1991. Entre le Kirghizistan et le Tadjikistan, il y a environ 1 000 km de frontières communes, dont plus de la moitié n’ont pas fait l’objet d’accords inter-gouvernementaux. C’est aussi une zone qui est sur les routes du trafic de drogue, de l’héroïne produite dans l’Afghanistan voisin.

On ne peut pas écarter un risque de conflit armé. Ce qui a surpris, c’est le déploiement de moyens militaires de la part du Tadjikistan, avec des véhicules blindés, que l’on a vu tirer. C’est aussi le fait que dans un mouvement manifestement planifié, des maisons d’habitants de ces villages frontaliers kirghizes ont été incendiées ou détruites.


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