Normalisation Israël-Maroc: événement historique ou exploitation cynique?

Un quatrième pays qui normalise en moins de quatre mois ses relations avec Israël : événement historique pour les uns en Israël, exploitation cynique des dernières semaines de Trump à la Maison Blanche pour les autres.

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Les mots « Shalom », la paix en hébreu et Maroc figurent en grosses lettres ce vendredi matin à la Une de tous les médias en Israël. La joie est particulièrement ressentie auprès de la très grande communauté des originaires du Maroc en Israël, on peut parler de centaines de milliers de personnes et pas moins de dix ministres au sein du gouvernement.

On se souvient en Israël que, déjà en 1995, des relations avaient été établies entre Rabat et Tel-Aviv. Mais elles ont été de courte durée. Cinq ans plus tard, avec le début de la seconde intifada, le Maroc avait rappelé définitivement son représentant à Tel-Aviv.

Miracle de Hanoukka

Pour le Premier ministre israélien c’est un miracle de Hanoukka, la fête des lumières qui a débuté jeudi 10 décembre au soir. La paix avec le Maroc a souligné Benyamin Netanyahu sera très chaleureuse. Dans un premier temps des bureaux d'intérêts vont être ouverts à Rabat et à Tel-Aviv. Mais le but précise-t-on est bien d’établir des relations diplomatiques complètes entre les deux pays et également des liaisons aériennes directes.

 

La « braderie » de l'administration Trump

Israël indique encore que dans les semaines qui subsistent de la présidence de Trump d’autres pays vont normaliser leur relation avec l'État hébreu, peut-être pour profiter de la « braderie » offerte par l'administration Trump. On parle du sultanat d’Oman et de l’Indonésie notamment. On souligne aussi que les partenaires de Netanyahu au sein de la coalition, notamment le ministre de la Défense Benny Gantz, n’ont pas été informés de ce nouveau développement au Proche-Orient.

Peu de réactions à l’international

Cette « décision historique », selon les mots de Donald Trump et Benyamin Netanyahu a toutefois suscité peu de réactions à l’étranger. Si l’Algérie, alliée du Front Polisario au Sahara occidental, a dénoncé cette reconnaissance tout comme la Russie, l’Égypte et l’Espagne ont salué la décision de Rabat.

Une des rares réactions à l’international est celle du Caire… qui est lapidaire. Sur son compte Twitter, le président Abdel Fatah al-Sissi salue l'accord de normalisation entre le Maroc et Israël, le qualifiant de « pas important vers davantage de stabilité et de coopération régionale ». L'Égypte a été, en 1979, le premier pays arabe à établir des relations diplomatiques avec Israël, mettant fin à un état de guerre entre les deux pays.

En Europe, c'est l'Espagne qui s'est exprimée en premier. L'ancienne puissance coloniale au Sahara occidental, dit « se réjouir » de la normalisation entre le Maroc et Israël. Mais maintenant il reste à résoudre le problème « de la paix entre Israël et la Palestine », a tweeté la ministre des Affaires étrangères Arancha Gonzalez, et « la question du Sahara occidental ». Selon elle, qui était en visite à Ramallah, dans les Territoires palestiniens, dans les deux cas, « la position de l'Espagne est claire et constante : le respect aux principes de l’ONU ».

Plusieurs heures après l'Espagne, la France également salué cette « reprise des relations diplomatiques » entre les deux pays, estimant au passage que « le conflit au Sahara occidental n'a que trop duré et fait peser un risque permanent de tensions », a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. Selon Paris, une issue « juste et durable » devait être trouvée pour la question du territoire.

Les Nations unies justement ont réagi par la voix du secrétaire général : face à la reconnaissance unilatérale par les États-Unis de la souveraine marocaine sur le Sahara occidental, « notre position reste inchangée », affirme Antonio Guterres.

Une décision qui « sort complètement du cadre du droit international », selon Moscou

Moscou a dénoncé vendredi la décision par le président américain Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, estimant qu'elle « sort complètement du cadre du droit international ».

« Ce que les Américains ont fait ici, c'est une décision unilatérale qui sort complètement du cadre du droit international », a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, cité par les agences de presse Ria Novosti et TASS. 

Il a ajouté que cette décision ne respectait pas non plus « les décisions de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, avec lesquelles les Américains eux-mêmes étaient d'accord ».

Sur le rétablissement des relations avec Israël, Mikhaïl Bogdanov a convenu que Moscou jugeait « nécessaire d'établir des liens, d'autant qu'il y a toujours eu au Maroc une importante communauté juive, des contacts historiques et humains qui se sont maintenus ».


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