Mali: la contestation dit son intention d'étendre le mouvement

Le mouvement de contestation contre le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a dit lundi son intention d'étendre la mobilisation à l'ensemble du territoire, sans donner de signe de vouloir transiger sur une démission du chef de l'Etat.


Le Mouvement dit du 5 juin, coalition hétéroclite composée de responsables religieux et des personnalités de la société civile comme du monde politique, a fait descendre dans les rues de la capitale Bamako des dizaines de milliers de personnes vendredi, pour la deuxième fois en deux semaines.

Les manifestants ont à nouveau réclamé le départ du président Keïta, alias IBK. Soutenu par la communauté internationale, celui-ci fait face depuis quelques semaines à une sévère remise en cause politique, en plus de la crise sécuritaire et économique que connaît le pays depuis des années.

"Nous allons intensifier la contestation sur l’ensemble du territoire", a dit lors d'une conférence de presse l'un des responsables du Mouvement du 5 juin, Issa Kaou N'Djim, proche du leader de la contestation, l'imam Mahmoud Dicko, lui-même absent. "Notre demande principale est la démission du président et de son régime", a-t-il dit.

La direction collective du mouvement devrait décider "très bientôt" de la suite de la protestation, a-t-il dit.

Des Maliens ont manifesté la semaine passée dans d'autres villes que Bamako, comme Ségou ou Mopti. Mais la mobilisation s'est surtout signalée par son ampleur dans la capitale jusqu'à présent.

Elle canalise les exaspérations devant la dégradation sécuritaire des dernières années (attaques jihadistes, violences intercommunautaires, trafics en tous genres), l'apparente impuissance de l'Etat à y faire face, le marasme économique et la perception d'une corruption répandue.

La communauté internationale a exprimé son inquiétude devant une situation volatile à l'issue incertaine.

Une mission de bons offices ouest-africaine a préconisé vendredi la formation d'un gouvernement d'union ainsi que la tenue de législatives partielles. Celles-ci auraient lieu dans les circonscriptions où la Cour constitutionnelle a inversé au profit du parti présidentiel les résultats initialement proclamés. Cette intervention de la Cour passe pour avoir catalysé les mécontentements.

Le Mouvement du 5 juin a rejeté dès samedi l'éventualité d'un gouvernement d'union, insistant sur la démission du président.

La réaction du président malien se faisait toujours attendre lundi soir après la manifestation de vendredi.

La démission des membres de la Cour constitutionnelle était présentée comme un élément de sortie de crise.

Quatre des neuf membres ont effectivement présenté leur démission, mais la démission de trois autres, largement rapportée dans les médias, n'a pas été confirmée.

Une autre option, celle de la dissolution du Parlement, est considérée comme un des ultimes recours.

Une structure réunissant les organisations de la société civile, le Conseil national, a prôné cette dissolution lundi dans un communiqué, ainsi que la démission de la Cour constitutionnelle et la mise en place d'un gouvernement d'ouverture.

Le président malien a reconduit le 12 juin Boubou Cissé au poste de Premier ministre en le chargeant de former le nouveau gouvernement découlant des législatives. Mais ce nouveau gouvernement n'a toujours pas vu le jour. 


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