Automobile : pourquoi la transition électrique pourrait faire disparaître 65.000 emplois

Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA), estime que ce serait le coût humain minimum du changement de technologie.

 

Alors que la filière automobile française présentait ce mardi sa feuille de route pour 2030 à l'occasion d'une journée organisée par la Plateforme automobile (PFA) Cité des sciences et de l'industrie à Paris, les conséquences sur l'emploi de la transition vers l'électrique sont au centre des discussions. L'observatoire de la métallurgie estime en effet que l'impact de cette transformation serait de l'ordre de 65.000 emplois supprimés sur les 400.000 de la filière. Pire selon Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA), «si le scénario du déclin l'emportait, on serait à 100.000 emplois de moins».

En effet, pour la construction d'un moteur électrique, des activités industrielles telles que la fonderie ou l'usinage ne sont pas nécessaires. Par ailleurs le nombre de pièces dans un moteur électrique est divisé par quatre par rapport au thermique, comme l'explique un porte-parole de PFA. «Les métiers vont changer parce que nous n'avons pas besoin des mêmes pièces, certaines pièces ne seront plus nécessaires dans la fabrication d'un moteur électrique, a poursuivi Luc Chatel sur BFMTV ce matin. Sa fabrication nécessite également sept fois moins de temps que pour un moteur thermique. Tout le défi de la filière, avec les pouvoirs publics, est d'accompagner les entreprises et les salariés qui vont voir leur métier disparaître ou se transformer mais aussi de former massivement pour les métiers d'avenir de l'automobile. Mais ce ne sera pas sans dégât».

Tesla en tête des ventes

Une perspective de baisse de l'emploi dans le secteur de l'automobile que confirme France Stratégies, un think tank rattaché à Matignon. L'institut note cependant dans un document de travail publié mi-septembre que certaines réformes fiscales récentes, comme la baisse de l'imposition sur les sociétés et celle des impôts de production, pourraient préserver une partie des emplois. «Avec ces mesures fiscales, on arriverait à une baisse des emplois de 50.000 plutôt que 65.000»assume Vincent Aussilloux, co-auteur de l'étude.

Cette réflexion sur l'avenir du secteur intervient alors que Tesla est passé premier vendeur automobile en Europe en septembre, son Model 3 se retrouvant en tête des meilleures ventes avec 24.600 exemplaires écoulées. «Tesla a misé sur un modèle complètement différent de ce qui existait déjà [...] Ils se sont attaqués au marché premium», précisait ce mardi Luc Chatel sur BFM Business.

Pour échanger sur le futur de la filière, un millier de professionnels étaient donc attendus ce mardi dans le nord de Paris, dont le patron de Renault Luca de Meo mais aussi le commissaire européen Thierry Breton et surtout le ministre de l'Économie Bruno Le Maire. Tous tenteront de répondre à cette question posée ce mardi matin par Luc Chatel : «Comment la France, qui a inventé l'automobile, pourrait se faire une place dans le futur de l'automobile ?»


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