Côte d'Ivoire: les footballeurs sans défense face au coronavirus

"Un sac de riz, deux bidons d'huile. Le tout d'une valeur de 13.000 FCFA (20 euros)", c'est le lot offert par l'Association des footballeurs ivoiriens (AFI) à chaque professionnel (Ligue 1 et 2) au chômage forcé depuis mars après l'arrêt des championnats en raison du coronavirus.

 

"On fait du social. Les joueurs n'ont pas reçu de salaire. On leur apporte notre soutien", affirme le président de l'AFI, l'ancien international ivoirien Cyril Domoraud (ex-Marseille, Espanyol, Inter...) qui a obtenu un don de 10 millions de FCFA (15.000 euros) d'un partenaire de la Ligue. 

"Je n'ai pas reçu un centime en mars et avril. Aucun appel de dirigeant pour avoir de mes nouvelles", explique Diarra Lamine, défenseur de l'USC Bassam, qui touche normalement entre 100 et 150.000 FCFA par mois (150 à 225 euros) voire plus entre salaire et primes de match.

De nanti par rapport aux standards ivoiriens, il est passé à assisté : "Je suis obligé d'aller manger en famille devant les petits frères à qui je donnais de l'argent il y a peu. Toutes les petites économies sont en train de finir", dit-il. 

Son coéquipier et capitaine le Ghanéen Akrofi Eden est dans la même situation avec un bébé de sept mois. "C'est difficile sans salaire pendant deux mois. Mon plus grand souci, ce sont les couches du bébé. L'argent manque. Je suis obligé de demander un prêt à ma compagne pour faire face aux dépenses", explique l'attaquant dont la compagne "gère une boutique dans le quartier".

Les deux coéquipiers, qui s'entrainent individuellement pour garder la forme, attendent la reprise du championnat comme un "salut".

Pour le moment, aucune date n'a été fixée par la fédération où des luttes intestines pour la présidence compliquent encore la situation. L'élection du président, poste auquel aspire la star Didier Drogba, a été reportée en raison de l'épidémie dans une ambiance tendue avec des attaques constantes entre les trois candidats. 

entraînement maison

"A nos différents candidats, c'est en cette période que nous avons besoin de vous. N'attendez pas d'être à la tête d'une institution pour venir en aide. Sans nous, il n'y a pas de football, pas de projets et de fédération", souligne le gardien international de l'ASEC Mimosas Cisse Abdul Karim.

La Côte d'Ivoire, qui compte pour le moment 1971 cas pour 24 décès de coronavirus, a allégé son dispositif (levée du couvre-feu, élargissement du droit de réunion) à partir de ce vendredi, ouvrant la porte à une reprise prochaine du championnat.

Koné Abdoulaye, l'avant-centre de l'Africa Sport, est aussi au régime sec. "Avec le jeûne (du Ramadan), je me contente du seul repas du soir. Ca me fait moins de dépense car depuis deux mois, je vis sur fonds propres", explique le buteur, content de recevoir le don de l'AFI. "Je ne sais pas ce dont demain sera fait. Heureusement que je vis avec une copine sans enfants". 

Comme ses collègues de travail, il essaie de se maintenir en forme: "Je fais des exercices physiques à la maison. Souvent, j'utilise le vélo pour garder un peu de rythme", dit-il. 

"Je fais d'exercices d'étirement avec ou sans ballon chez moi à la maison", explique quant à lui Ira Tapé Eliezer, le gardien international olympique du FC San Pedro. "Cela ne peut pas remplacer un match. Mais au moins ça m’évite de prendre du poids". 

Les joueurs de San Pedro, qui reçoivent des vidéos d'entraînement de leurs coaches, ont eux perçu un demi-mois de salaire. "Le strict minimum", selon le gardien. "Ce n'est pas facile car l'argent sort mais ça ne rentre pas. Mon épouse attend un bébé et elle a arrêté son travail. Nous devons faire face aux prochaines dépenses".


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