L'euro s'envole à Cuba, alors que le dollar est boudé par les banques

Les banques cubaines ont commencé lundi à refuser les dépôts de dollars en espèces, une mesure annoncée il y a dix jours et qui dope la valeur de l'euro au marché noir.

 

La Banque centrale cubaine avait annoncé le 10 juin la suspension des dépôts de dollars en liquide à partir du 21 juin, en raison de difficultés liées à l'embargo américain persistant. Elle avait alors expliqué que le système bancaire national avait de plus en plus de difficultés à procéder auprès des banques internationales à des dépôts en dollars récupérés sur le territoire national en raison de l'embargo, en vigueur depuis 1962.

L'annonce a pris par surprise les Cubains, qui reçoivent généralement en dollars les «remesas», l'argent envoyé par leurs proches à l'étranger. Ces derniers jours, nombre d'entre eux se sont précipités dans les banques pour y déposer leurs derniers billets, inquiets de savoir comment ils pourront payer par la suite dans les nombreux supermarchés en devises ouverts depuis 2019. La Banque centrale a indiqué que la mesure n'affectait pas la réception de transferts en dollars, ni le dépôt en espèces d'autres monnaies étrangères, comme l'euro.

Processus d'«euroisation»

Cette nouvelle politique «peut mener l'économie cubaine à un processus d'+euroisation+, au lieu de la dollarisation du marché» entamée en 2019, a expliqué l'économiste cubain Pavel Vidal, de l'université Javeriana de Cali (Colombie), au média en ligne El Toque. El Toque a commencé la semaine dernière à publier chaque jour, sur son site, les taux de l'euro et du dollar au marché noir, unique moyen pour les Cubains de se fournir en devises, qui sont indisponibles aux guichets de banques.

Lundi, l'euro valait 85 pesos cubains (contre 29,75 au taux officiel), en hausse de 10 pesos par rapport à avant l'annonce de la mesure, et le dollar 52 pesos (contre 24 au taux officiel), 18 de moins qu'il y a 11 jours. Plusieurs médias de Miami ont également rapporté ces derniers jours une véritable ruée des Cubano-Américains sur les euros dans les banques et bureaux de change de Floride, afin de pouvoir en envoyer à leurs proches sur l'île. Les remesas sont la deuxième source de devises à Cuba, après l'exportation de services médicaux, avec un total estimé de 3 milliards de dollars par an.


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