L'Union européenne interdit son espace aérien aux compagnies biélorusses

Cette décision intervient «en réponse à l'atterrissage forcé d'un vol opéré par Ryanair», a précisé le président du Conseil européen, Charles Michel.

 

Quelques semaines après les menaces, les sanctions tombent. Vendredi soir, l'Union européenne a annoncé qu'elle comptait bien «tenir ses engagements», en durcissant le ton face à la Biélorussie. «À compter de minuit, il sera interdit à tout aéronef opéré par une compagnie biélorusse d'atterrir, de décoller ou de survoler l'ensemble du territoire européen», a écrit sur Twitter le président du Conseil européen, Charles Michel.

Adoptée formellement vendredi par les instances européennes, cette décision intervient «en réponse à l'atterrissage forcé d'un vol opéré par Ryanair», a précisé le représentant, qui appelle à libérer «tous les prisonniers politiques en Biélorussie». Fin mai, un vol reliant Athènes à Vilnius avait été dérouté à Minsk, et l'un des passagers, l'opposant politique Roman Protassevitch, avait été arrêté à l'atterrissage. Cette action avait suscité la colère des États membres, qui dénonçaient un acte «inacceptable». Le quai d'Orsay avait appelé à une «réponse ferme et unie des Européens», de même que de nombreuses chancelleries.

Dans la foulée, le Conseil européen avait demandé à «tous les transporteurs établis dans l'UE d'éviter le survol de la Biélorussie». Une mesure également poussée par l'Agence européenne pour la sécurité aérienne (EASA). Il souhaitait également que soient adoptées «les mesures nécessaires pour interdire le survol de l'espace aérien de l'UE par les compagnies aériennes biélorusses et empêcher l'accès aux aéroports de l'UE pour les vols opérés par ces compagnies». C'est désormais chose faite : «les États membres de l'UE seront donc tenus de refuser à tout aéronef exploité par des transporteurs aériens biélorusses, y compris en tant que transporteur contractuel, la permission d'atterrir sur leur territoire, d'en décoller ou de le survoler», indique le Conseil dans un communiqué.

De nouvelles sanctions, plus ciblées, devraient tomber dans les prochains jours : «les dirigeants de l'UE [...] ont demandé au Conseil d'adopter les mesures nécessaires, y compris des mesures restrictives à l'encontre de personnes et entités supplémentaires [...] et de nouvelles sanctions économiques ciblées», précise l'institution. Les mesures touchant le trafic aérien ne sont cependant pas soutenues par l'ensemble du secteur : «la sécurité aérienne ne doit jamais être politisée», a estimé l'Association du transport aérien international, vendredi, dénonçant la piste «rétrograde et décevante» que constituent les sanctions aériennes entre l'Union et la Biélorussie.

Pour l'heure, la situation entre l'UE et la Biélorussie reste bloquée. La pression monte et le sort de Roman Protassevitch est incertain : ce dernier est apparu à la télévision d'État biélorusse, jeudi, mais la chef de l'opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, a estimé que cet entretien avait été réalisé «sous pression». Un avis partagé par des chancelleries européennes : l'Allemagne, notamment, a qualifié l'entretien de «honte [...] pour les dirigeants biélorusses», quand Londres l'a estimé «clairement réalisé sous la contrainte».


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