Veolia et Suez annoncent être parvenus à un accord en vue d'un rapprochement

L'accord de principe atteint dimanche soir entend faire du nouvel ensemble un champion de «la transition écologique».

 

Veolia et Suez ont annoncé avoir atteint un «accord de principe» en vue d'un rapprochement entre les deux géants français, dimanche soir. Dans un communiqué, les groupes expliquent s'être «mis d'accord sur un prix de 20,50 € par action SUEZ (coupon attaché) conditionné à la conclusion de l'accord de rapprochement». Veolia proposait de son côté initialement 18 euros, un montant jugé insuffisant par son rival.

Plusieurs précisions sont données quant aux contours des futurs ensembles. Le nouveau Suez formera un «ensemble cohérent et pérenne» avec un chiffre d'affaires établi à «7 milliards d'euros». Son périmètre intégrera les activités actuelles de Suez dans l'eau municipale et le déchet solide en France, ainsi que d'autres activités de l'entreprise «notamment dans l'eau» et dans plusieurs zones géographiques dont l'Italie, l'Afrique, l'Inde, la Chine et l'Australie.

Le nouvel ensemble, de son côté, doit devenir un «champion mondial de la transformation écologique» et il présentera un chiffre d'affaires établi à «37 milliards d'euros, au travers de l'offre publique d'achat de Suez, au sein duquel demeureront tous les actifs stratégiques identifiés par Veolia». En outre, les deux entreprises «ont convenu de conclure des accords définitifs de rapprochement d'ici le 14 mai prochain», précise le communiqué.

Les deux fleurons français s'affrontaient depuis l'année dernière, notamment depuis l'acquisition par Veolia en octobre de 29,9% de Suez auprès d'Engie avant de lancer une OPA sur le reste des actions. Depuis sept mois, ils ont multiplié recours en justice, invectives par voie de presse, coups de pression et de semonce. En parallèle, chacun affichait régulièrement sa volonté de tendre la main à son rival, mais à ses conditions, donnant l'impression d'un dialogue de sourds.

L'affaire avait aussi pris un tournant politique, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire intervenant à plusieurs reprises, et encore fin mars, pour estimer qu'un accord restait «possible» entre les deux rivaux. Il salue aujourd'hui un «accord à l'amiable» qui «préserve l'emploi».

La tension était montée d'un cran supplémentaire lorsque Suez avait annoncé la semaine passée avoir signé un accord pour vendre à l'australien Cleanaway son activité «recyclage et valorisation» dans ce pays, que Veolia considérait comme «stratégique».

L'accord annoncé lundi prévoit en outre la désactivation de la fondation néerlandaise prévue par Suez, créée pour chapeauter ses actifs Eau France et en empêcher la cession. Veolia lui avait encore demandé d'y renoncer début avril.

Satisfaction des dirigeants comme des marchés

Les dirigeants des deux groupes ont salué ce nouvel épisode. «Nous avons aujourd'hui trouvé un accord de principe qui reconnaît la valeur de Suez», s'est félicité Philippe Varin, à la tête du conseil d'administration de Suez, tout en ajoutant que l'exécutif du groupe sera «vigilant à ce que les conditions soient réunies pour parvenir à un accord définitif permettant de mettre fin au conflit entre nos deux sociétés et offrant des perspectives de développement». Pour le directeur général de Suez, Bertrand Camus, l'accord «donne toutes ses chances à l'obtention d'une solution globale qui offrirait les garanties sociales indispensables pour l'ensemble des salariés et des perspectives».

De son côté, le PDG de Veolia, Antoine Frérot, s'est félicité d'un accord «bénéfique pour tout le monde : il garantit la pérennité de Suez en France de manière à préserver la concurrence et il garantit l'emploi. Toutes les parties prenantes des deux groupes sortent donc gagnantes», a-t-il noté. «Le temps de l'affrontement est terminé, le temps du rapprochement commence​».

Les marchés ont accueilli favorablement cette évolution. Les actions de Suez et Veolia bondissaient lundi à la Bourse de Paris après l'annonce d'un accord en vue de leur rapprochement, mettant un terme à plusieurs mois de bataille financière, médiatique et judiciaire. À 11h00 (09h00 GMT), dans un marché atone, le titre Veolia bondissait de plus de 8%, tout comme celui de Suez. Ce dernier, coté à 19,94 euros, approchait ainsi du prix proposé dans le cadre de l'offre.

 

Mécontentement des syndicats

Le secrétaire CGT du comité d'entreprise européen de Suez a exprimé lundi un «réel sentiment de trahison de la part du conseil d'administration» de son entreprise, après l'annonce de l'accord. «On l'a appris par Twitter et communiqué de presse et on a un réel sentiment de trahison de la part du conseil d'administration, qui semble s'être couché face à la pression de Veolia alors que les moyens de négocier autre chose existaient», a déploré Franck Reinhold von Essen auprès de l'AFP.

«Nous voulons être partie prenante par rapport à toute négociation en cours. Or, c'est très flou. De prime abord, le périmètre ne nous satisfait pas car on parle de 6,9 milliards qui constituerait le 'nouveau Suez', ce qui ne fait pas la taille critique qui permettrait de garantir la pérennité des emplois par le développement de l'entreprise», a-t-il ajouté. «Nous n'avons pas été associés à ce pré-accord, ce qui est frustrant. L'accord définitif serait le 14 mai, ce qui nous laisse penser que tout n'est pas fini. Nous allons essayer d'obtenir le détail de ce pré-accord», a-t-il conclu.


Vous avez aimé cet article ? Partagez-le ...

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera publié après validation.