Algérie: une économie dépendante des hydrocarbures

L'Algérie, théâtre depuis un an d'une contestation populaire sans précédent contre le pouvoir, est en proie à de graves difficultés économiques et sociales liées à la chute des prix des hydrocarbures, qui représentent l'essentiel de ses recettes à l'exportation.

Conséquence, les réserves de change ne cessent de baisser depuis 2014 et pourraient même s'épuiser à l'horizon 2022.

- Passé colonial -

Colonisée par la France pendant 132 ans, après trois siècles de domination ottomane, l'Algérie proclame son indépendance le 5 juillet 1962 après une guerre de libération sanglante de près de huit ans.

En septembre 1963, Ahmed Ben Bella, secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), devient le premier président de l'Algérie indépendante.

En 1965, il est renversé par un coup d'Etat du colonel Houari Boumédiène, puis emprisonné. M. Boumédiène va diriger le pays d'une main de fer jusqu'à son décès fin 1978. Chadli Bendjedid lui succède et est réélu en 1983 et 1988 lors d'une présidentielle où il est le seul candidat.

- Guerre civile -

En octobre 1988, de violentes émeutes secouent Alger où l'état de siège est instauré. L'armée rétablit l'ordre en menant une répression meurtrière, tout en engageant des réformes qui mettent fin au règne du parti unique.

L'annulation en 1992 du 1er tour des premières législatives multipartites, remporté par le Front islamique du salut (FIS), déclenche une guerre civile, jalonnée de massacres, entre groupes islamistes et forces de sécurité.

Le 15 avril 1999, Abdelaziz Bouteflika, adoubé par l'armée, est élu président en pleine guerre civile.

Deux lois d'amnistie, en 1999 puis en 2005, largement adoptées par référendum, convainquent de nombreux islamistes de quitter le maquis et de déposer les armes. La guerre civile a fait officiellement quelque 200.000 morts entre 1992 et 2002.

- "Hirak" -

En 2014, M. Bouteflika, candidat du FLN, est réélu pour un quatrième mandat (81,49%) malgré un accident vasculaire cérébral survenu l'année précédente qui l'a laissé handicapé et aphasique.

Début 2019, sa candidature à un 5e mandat suscite la colère de la rue.

Un mouvement ("Hirak") de contestation d'ampleur inédite naît le 22 février et contraint Abdelaziz Bouteflika, lâché par l'armée et plusieurs de ses alliés, à démissionner le 2 avril.

Le 12 décembre, Abdelmadjid Tebboune, ex-Premier ministre de Bouteflika, remporte la présidentielle mais il est aussitôt contesté par le "Hirak", qui réclame le démantèlement du "système" au pouvoir depuis l'indépendance.

- Pays du Maghreb -

Pays du Maghreb, l'Algérie est le plus grand pays d'Afrique (2.381.741 km2). La majorité du territoire est constituée de régions désertiques.

Plus de 80% de ses 42 millions d'habitants vivent sur le littoral, surtout dans la capitale Alger et sa région. Près de 54% de la population a moins de 30 ans.

Le pays compte quelque 10 millions de berbérophones, la plupart vivant en Kabylie, région montagneuse, réputée frondeuse, à l'est d'Alger.

Langue du colonisateur, le français ne fait pas partie des langues officielles -- arabe et tamazight (berbère) --, mais le pays compte de très nombreux francophones.

- Dépendance aux hydrocarbures -

Socialiste jusqu'au début des années 1990, l'économie reste marquée par une forte intervention étatique. La rente pétrolière subventionne notamment carburants, gaz, électricité, eau, santé, logements et produits de base.

Pays membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l'Algérie est le 3e producteur de brut d'Afrique et parmi les dix premiers producteurs mondiaux de gaz.

Les hydrocarbures représentent près de 93% des exportations de l'Algérie et contribuent pour quelque 45% au budget de l'Etat.

Le pays produit actuellement environ un million de barils de pétrole par jour contre plus d'1,4 million en 2005, selon les autorités.

A la mi-novembre, les députés ont adopté un projet de loi visant à assouplir et simplifier le régime juridique et fiscal du secteur des hydrocarbures pour attirer les investisseurs étrangers. Mais le texte a suscité un tollé car soupçonné de "brader" la richesse nationale aux multinationales.


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